F1 - Saison 2009.
Des médailles à la place des points ???

04/12/2008 - L'idée fait son chemin. Depuis que Felipe Massa et Ferrari ont perdu le titre pour un petit point, beaucoup se sont ému (et en premier lieu, les fans de la Scuderia) du fait que le brésilien ait décroché 6 victoires contre "seulement" 5 pour son rival britannique de chez McLaren, Lewis Hamilton.

On y reviendra peut être plus tard, mais il semble que le 5e succès décroché par le brésilien en Belgique provenait d'un déclassement assez discutable de l'anglais.

Bref. On se dirige donc droit vers un changement arbitraire de règles, avec des médailles à la place des points marqués. « Tout le monde comprend les médailles d’or, d’argent et de bronze. Presque tous les sports procèdent de cette façon.» assure Bernie Ecclestone, le patron de la F1. Oui, mais, est-ce vraiment adapté?

Eternel dilemne du sport mécanique, le mode de classement a toujours hésité entre régularité et panache. La réussite d'un bon système établit une vision juste du championnat, en fonction des résultats probants bien sûr, mais aussi d'une certaine constance tout au long de la saison. Car si un champion qui n'aurait remporter aucune course durant la saison serait effectivement peu glorieux, que vaudrait celui qui n'aurait que des victoires et que des abandons?

Les systèmes de points en F1:
1950-1959: 8,9,4,3,2 (1pts pour le meilleur tour)
1960-1990: 9,6,4,3,2,1
- Globalement, depuis sa création, le système de points en F1 a peu changé. Une distribution élitiste des points (seules les 6 premieres sur un plateau d'environ 20 monoplaces marquent). Variables selon les saisons, seul un certain nombre de meilleurs résultats étaient retenus, afin de minimaliser l'importance des abandons.
1991-2002: 10,6,4,3,2,1
-Tous les résultats comptent, et la victoire vaut encore plus qu'avant. Là encore, les petites écuries sont condamnées à l'exploit pour figurer au championnat. De l'avis de beaucoup, ce système sera le meilleur compromis entre panache (beaucoup de points au vainqueur), et régularité (points intermédiaires pour les 6 premiers).
2003-2008: 10,8,6,5,4,3,2,1
L'archi-domination de Michael Schumacher aura raison du bon vieux système de points. En accordant seulement 2 points de plus au vainqueur sur le 2me, la victoire devient à peine plus importante qu'une place de dauphin, et l'abandon devient hautement pénalisé au profit de la régularité.

Avec le système actuel, on a vu Michael Schumacher s'imposer de seulement 2 points face à Raïkkonen en 2003 (93 points contre 91). Raïkkonen, avec seulement 1 victoire, mais 7 secondes places, a lutté jusqu'au dernier GP contre l'allemand de chez Ferrari, pourtant vainqueurs de 6 courses! Le but n'est plus de gagner le plus possible, mais de finir le plus souvent possible.

En 2008, Hamilton a terminé 14 fois dans les 8 premiers, contre 13 pour Massa. Au final, Massa perd le titre pour un point, malgré une victoire en plus.

Le classement par médailles, qui attribue l'or à la 1ere place, l'argent à la seconde et le bronze à la troizieme, classe les pilotes en fonction du nombres de médailles obtenues, à la façon des JO.

Voici le classement du championnat 2008 avec le principe des médailles.
(entre parenthèses, le changement par rapport au classement normal).
1 (+1) BRA Felipe Massa - 6 victoires
2 (-1) GBR Lewis Hamilton - 5 victoires
3 (=) FIN Kimi Raikkonen - 2 victoires, 2 2me places
4 (+1) ESP Fernando Alonso - 2 victoires, 1 2me place
5 (-1) POL Robert Kubica - 1 victoire, 3 2me places
6 (+1) FIN Heikki Kovalainen - 1 victoire, 1 2me place
7 (+1) GER Sebastian Vettel - 1 victoire
8 (-2) GER Nick Heidfeld - 4 2me places
9 (+4) GER Nico Rosberg - 1 2me place, 1 3me place
10 (=) GER Timo Glock - 1 2me place, 2 4me places
11 (+1) BRA Nelsinho Piquet - 1 2me place, 1 4me place
12 (-3) ITA Jarno Trulli - 1 3me place, 1 5me place
13 (+1) BRA Rubens Barrichello - 1 3me place, 1 6me place
14 (+2) GBR David Coulthard - 1 3me place,, 1 7me place
15 (-4) AUS Mark Webber - 1 4me place
16 (-1) JPN Kazuki Nakajima - 1 6me place, 2 7me place
17 (+1) GBR Jenson Button - 1 6me place
18 (-1) FRA Sebastien Bourdais - 2 7me place
19 (=) ITA Giancarlo Fisichella - 2 12me places
20 (=) GER Adrian Sutil - 1 13me place, 1 15me place
21 (=) JPN Takuma Sato - 1 13me place
22 (=) GBR Anthony Davidson - 1 15me place

Ce classement suppose que, dans le projet proposés pour 2009, chaque compétiteur soit classé, au dela du podium et des médailles, par son meilleur résultat obtenu, puis en cas d'égalité, par le nombre de meilleurs résultats, puis le meilleur second résultat, le nombre de meilleurs seconds résultats, etc. Ce qui parait logique.

Le principe des meilleurs classements est appliqué depuis longtemps pour les pilotes qui ne sont pas rentrés dans les points. Ainsi, les pilotes Force-India et Super Aguri voient leur position inchangée.

Les changements ne sont pas réellement spectaculaires, pourtant on note la progression de Nico Rosberg (+4 places). Avec seulement 5 arrivées dans les points (1x 2me place, 1x 3me place, 3x 8me places), il devance avec 17 points marqués sur le barême habituel, Trulli (31 points) Timo Glock (25) et Webber (21). Les médailles récompensent bien plus le coup d'éclat que la performance sur l'ensemble de la saison.

La différence principale demeure le nom du Champion du Monde. Felipe Massa, avec 6 victoires, devance Lewis Hamilton, 5 succès. Mais souvenez-vous Spa-Francorchamps. Lewis Hamilton coupe une chicane, dépasse Massa pour le gain de la 1ere place, puis s'écarte pour permettre au brésilien de reprendre sa psoition. L'anglais remporte finalement la course avant d'être pénalisé. La victoire revient à Massa et dans ce cas, le titre a été déclaré sur tapis vert, sur une décision, peut être juste mais tellement discutable. Bonjour la polémique.

Pour les équipes de milieu de grille, accumuler les places d'honneur et grapiller les points n'aura plus de sens (sauf pour l'inutile classement constructeurs, où les points seraient conservé), car un coup d'éclat rendra inutile les nombreuses autres arrivées dans les points. Dans ces conditions, à quoi bon lutter en 8me position, si on a déjà réalisé un podium en début de saison?

Pour les petites équipes, la situation ne changera pas beaucoup. Seul un coup d'éclat miraculeux (comme un podium dans un GP pluvieux et rempli d'abandons) leur permettra de se classer devant un paquet de pilotes plus régulier. Pas forcement juste en fait.